Luxdynast

Projet LUXDYNAST FNR/LU CORE 2015

Du local au global :

Gouverner, déléguer et participer dans l’Europe des Luxembourg (1308-1437)

Alors que la bataille de Worringen avait entraîné en 1288 la défaite et la mort du comte Henri VI de Luxembourg et semblé marquer ainsi un violent coup d’arrêt au développement de la puissance territoriale des Luxembourg, l’élection de son fils Henri VII comme roi des Romains en 1308 puis son couronnement impérial en 1312 ouvrirent une période de plus d’un siècle durant laquelle la dynastie des Luxembourg devint un acteur essentiel dans la politique d’Empire : d’abord sous Jean l’Aveugle, roi de Bohême (1311-1346) et puissant rival de l’empereur Louis de Bavière (1328-1347), puis sous Charles IV, Wenceslas et Sigismond, rois des Romains et empereurs entre 1355 et 1437.Ce rang nouveau s’accompagna d’un considérable élargissement des territoires placés sous leur contrôle. La gestion d’un tel réseau territorial, parce qu’il englobait des traditions, des réalités politiques et des temporalités très disparates, impliquait une articulation permanente entre « penser global » et « agir local ». Celle-ci constitue le questionnement central du projet LUXDYNAST initié à l’Université du Luxembourg en décembre 2015 et prévu pour une durée de trois ans.

Plus concrètement, l’enquête a pour objet le souverain d’un côté, la société politique de l’autre et le lien toujours réactivé unissant ces deux pôles. Contre l’insistance traditionnelle sur les processus top-down de l’exercie du pouvoir et, inversement, la tentation  plus récente d’exagérer le rôle des communautés locales, toutes deux révélatrices d’une vision téléologique de l’Etat moderne comme le but et l’essence de l’histoire, le projet Luxdynast propose de redonner toute leur place aux interactions multiples entre les différents acteurs de la vie politique afin de réhabiliter la contingence des phénomènes historiques et de chercher à les saisir au plus près.

Ainsi, il s’agit de mettre en exergue la multiplicité des figures souveraines et le cumul des dignités, d’un côté, ainsi que la diversité des communautés politiques correspondant à autant de territoires, de l’autre. Dans tous les cas de figure concernés, l’arrivée de la nouvelle dyastie a signifié un moment de recomposition politique. Le nouveau souverain devait en effet s’adapter à son nouveau milieu tout en justifiant son droit à régner, et avec lui, celui de sa famille, et donc à imposer sa domination. En retour, la société locale dont on attendait la reconnaissance de cet état de fait pouvait profiter de la fragilité d’un pouvoir d’origine exogène pour faire confirmer ses traditions et même accroître sa marge de manoeuvre. Pour que le pouvoir devienne domination effective, il lui faut être légitime et producteur de consensus. La notion du contrat politique et social est donc au coeur de ce programme de recherche, qu’il s’agisse de la réflexion abstraite sur l’engagement qu’il représente aux réalisations concrètes et différents statuts et négociations sur lesquels il déboucha. Avec elle, celle de la représentation et de la participation et donc des formes multiples par lesquelles pouvaient s’exprimer les voix des sujets est tout aussi cruciale.